En recevant ma fiche de paie de ce mois ci, un détail me saute au yeux : ‘Ancienneté : 16 ans et 0 mois’.

Cela fait donc 16 ans que je suis rentré en Guyane pour travailler et environ 15 ans et demi à enseigner les AMV dans le style Tay Son.

J’ai du travail, mais les souvenirs remontent en surface.

Les premiers films de Bruce Lee, puis Jacky Chan, la BD puis le film Dr. Justice…. et d’autres films que les jeunes de vingt ans ne peuv……

Fébrilement je pars à la recherche de mon premier passeport sportif de Karaté… Ne me demandez pas pourquoi je ne l’ai jamais jeté.

Rétrospective.

J’ai commencé le Karaté Shotokan en 1983, à Cayenne en Guyane Française au sein du club ‘SAMOURAI’ et j’avais à peine 14 ans. Mais en fait j’avais déjà fait un trimestre en Judo (Pas aimé ! Pourquoi ? Parce que le prof m’interdisait de frapper mes copains et me disait que les saisies et les projections sont plus fort que les mecs qui frappent !) et 2 mois en Tae Kwon Do pendant des vacances d’été au Suriname (Pas aimé ! Pourquoi ? Ils ne parlaient pas français !) à mes 8 et 10 ans.

Une anecdote ? J’ai fais un rapide passage en France pour mes études de 4ème (1 trimestre en 1982), période ou j’ai pratiqué avec mon frère du Karaté d’Okinawa avec… Me Chau au Temple. Prédestiné ? Peut être ! Il n’avait que nous en cours et au bout  d’un mois, il nous à fait passer dans un cours ou il y avait des kimonos noirs (oooooh!). Naturellement il nous a mis directement la ceinture jaune, mais avec un kimono blanc parce qu’ils étaient tout neuf.

Retour en Guyane après 1 trimestre passé en France donc et inscription au club ‘Samouraï’. On a eu toutes les peinent du monde à expliquer à nos profs pourquoi Richard (mon frère) et moi portions une ceinture jaune alors que nous ne connaissions pas les positions, les noms, et le 1er quyen qu’ils appelaient katas.

Heureusement dans la famille on a 2/3 personnes qui pratiquent le Karaté. En un weekend (merci tatie), nous avons assimilé les 3 premiers HIEAN (quyens de base), les noms et positions du style Shotokan … et nous sommes passés ceinture orange 3 mois plus tard. (nb. j’ai failli ne pas aimé parce que le prof disait que faire des projections ne servaient à rien….)

Vers les 16 ans, avec nos belles ceintures bleues, on a commencé à aider les profs à faire les cours enfants dans un premier temps, puis on a fait des cours, et on a même donné des cours aux adultes débutants ! Mais je ne considère pas cela comme étant le début de ma carrière d’instructeur. A cette âge là c’est plus de la frime qu’autre chose et on nous respectais parce que l’on avaient un bon niveau (Champion de Guyane technique en individuel et par équipe).

Une autre anecdote ? Avoir donné des cours à notre prof de physique chimie. Le pied intégral. Il payait de sa personne pour les mauvaises notes qu’il nous mettait.. à moins que ce ne soit l’inverse !!?

De retour en France pour nos études en internat. On trouve une salle à coté et on commence les cours de Karaté (N’aime pas ! Pourquoi ! C’est froid et impersonnel. De plus, deux nouveaux qui débarquent avec des ceintures marrons… faut les casser !)

Richard, plus hardis que moi, revient un soir en me disant : « Bernard ! J’ai trouvé un truc EEEEEEENNNNNNOOOOOORME ! Ca s’appelle le Viet Vo Dao ! Et tu sais quoi…. ? Tu te rappelles de notre premier prof de Karaté en France? Oui ? Hé bien c’est lui qui fait les cours ! » Que voulez vous que je dise à quelqu’un qui fait les questions et les réponses ! « Ben vas y moi je reste là ! »

Ceux qui ne connaissent pas mon frère, ont de la chance. Pourquoi ? Parce qu’il sait vous amener là où il veut. Vous, chères amis lecteurs qui avez lu depuis le début, vous connaissez maintenant mes pêchers mignons. A chaque fin de cours il m’expliquait les techniques qu’il faisait. Puis soudain, il s’arrêtait de parler, me regardait étrangement en disant « on peu projeter » puis plus loin « on peu frapper » etc etc. Bref j’ai eu droit à toute la panoplie des techniques et j’avais l’impression par moment que je connaissais cet art martial comme si je l’avais déjà pratiqué.

J’ai tenu un long, mais alors très long mois, puis j’ai cédé et l’ai accompagné à un cours d’essai. Après mettre introduit auprès de Chau et avoir demandé l’autorisation de participer avec un kimono blanc et une ceinture marron (règles FFKAMA obligent)… ce fut la révélation. C’est cet art que je pratiquerais dorénavant et jusqu’à désormais, même si parfois je travail d’autres disciplines, mais toujours dans l’esprit d’affiner mon art. Tout me plait (pour une fois), et j’assimile les 3 quyens pour mon évaluation de correspondance de grade. J’en ressort ceinture jaune 2 barrettes.

Je devient un élève assidu et je ‘poursuis’ mon maître à tous ses cours, Camiliène, Temple, Montparnasse, gymnase « pub », WE chez lui, stages…. Pourquoi ? Aucun cours de Chau ne se ressemblent ! On en apprend toujours et toujours plus.

Il y avait cependant un hic. Le problème est que je refuse de passer mes grades.

Ceux qui ne connaissent pas Chau, ont bien de la chance. Pourquoi ? Parce que quand il dit quelque chose, on ne peut pas refuser. C’est ainsi qu’il me força à passer mes grades. La marron d’abord, puis la noire. Puis le début de ma 2ème dan.

Retour en Guyane

Il faut bien gagner sa vie pour vivre n’est ce pas ? Pourquoi ? ….. quoi j’arrête ? OK !

Donc, de retour en Guyane, Richard ayant passé son BEES 1, il décide d’ouvrir une salle. L’association Tay Son Vo Dao Guyane est donc née il y a 16 ans. Je ne désire pas entré dans cette association, ma vie professionnelle passant par dessus tout.

Maintenant que vous connaissez mon frère…. « Ce soir j’ai besoin de toi pour démontrer les ciseaux » « Ce soir j’ai besoin de toi pour montrer les song luyen en vitesse rapide ». Jusqu’au jour ou « là je zuis malade, tu beux bas me débanner pour la zemaine ? Pleeeaaaaasssseeeee ! »

Une famille est une famille, et avec mon frère nous avons la chance d’en avoir 2. Que voulez vous que je réponde ?

D’étudiant perpétuel (que je suis toujours), je passe assistant de professeur. Et là encore je m’éclate. J’aime la recherche ! Alors quels moyens plus fabuleux que d’avoir des élèves qui posent des questions et auxquels il faut répondre juste et bien. Je ne remercierais jamais assez Chau et les anciens de la 1ère génération (Edward, Eric, Fred, Christian, Christophe et tous ceux que j’oublie) de m’avoir formé et éduqué. Bon faut aussi dire merci à mon frère…

Chau a dit un jour en cours « A quoi sert votre force si vous ne la partagez pas avec ceux qui vous entoure ? »

Je crois que j’ai trouvé ma voie. Dans la foulé je passe mon DIF et entame un BEES1 afin de parler le langage des administrations.

Vous connaissez mon frère ??? « Et pourquoi tu ne deviens pas prof professionnel ? »

Humf, il va falloir qu’il se taise un jour !

J’enseigne pour :

  • partager les connaissances
  • faire évoluer les connaissances
  • voir la progression des élèves
  • se remettre en question avec l’âge qui passe et les jeunes qui déboulent
  • la satisfaction personnel et ‘égoïste’ de laisser son empreinte dans le temps
  • la satisfaction d’amener ses élèves jusqu’à un niveau qui soit reconnu par la métropole
  • avoir un œil critique et constructif
  • à force d’habitude comprendre et entrevoir plusieurs applications à un mouvement alors que d’autres n’en voient que trois.

Y en a marre quand :

  • il n’y a pas d’élèves en cours
  • ils ne comprennent que dalle (mais c’est la faute au professeur)
  • la solitude et la nostalgie (8000 bornes de mon école principale) tapent à la porte
  • Mon frère susurre des choses indécentes ;)

Bernard

Ps : Un grand merci à mes différents Maîtres (si un jour ils lisent ce texte) pour la qualité de leurs enseignements,  et une pensée particulière au Maître et au chef de file de l’école pour leurs attentions et pour m’avoir fait découvrir que l’on apprend aussi en enseignant.